Quel voyage en train plus mythique que celui-là ? Imaginez. Le soleil tape dur sur la plaine mongole. Filant dans l’immense steppe herbeuse, vous apercevez des yourtes arrondies, d’un beige sombre: c’est là que vivent les nomades. A côté paissent quelques chameaux. Hier, vous vous trouviez dans les charmantes collines sibériennes, aux villages épars; demain, vous traverserez les montagnes boisées qui mènent à la Grande Muraille de Chine. Tel est le parcours du Transsibérien, cette légendaire ligne qui relie en une semaine Moscou à Pékin : l’arrière-pays russe, l’Oural, la Sibérie, les steppes sauvages de Mongolie, le désert de Gobi, sur les traces de Gengis Khan et de la Horde d’Or. Achevée en 1956, c’est la plus récente et la plus impressionnante des lignes transsibériennes, un réseau qui couvre pas moins de huit fuseaux horaires. Les quatre premiers jours sont consacrés à la traversée des vastes espaces vides de Sibérie, en découvrant au passage les eaux cristallines du lac Baïkal. Dans les forêts de bouleaux pointe parfois le bulbe d’une église orthodoxe. Lorsque vous passez d’une voiture à l’autre, vous devez constamment faire attention. Il fait si froid à l’extérieur que votre main peut rester collée au metal gelé! Le cinquième jour, vous vous réveillez dans un environnement complètement différent : les plaines arides et poussiéreuses de la Mongolie, où vous apercevez parfois des chameaux, des chevaux sauvages, des aigles. La cuisine à bord change, elle aussi. En Mongolie, les cuisiniers russes cèdent la place à leurs collègues mongols, qui laisseront ensuite officier les chefs cantonais et pékinois. Au cours de votre voyage, vous goûterez donc la cuisine des trois pays. La nuit du cinquième jour, le train atteint la frontière chinoise, où il s’arrête quelques heures pour changer l’écartement des roues. L’heure officielle à bord est touours celle de Moscou. Mais comme le train a bientôt traversé huit fuseaux horaires, le décalage s’accroît progressivement entre l’heure officielle, qui sert à repérer les arrêts, et l’heure locale. C’est le dernier jour enfin, et un dernier trajet le long de la Grande Muraille vous emmène jusqu’à Pékin. Votre périple de 9258 km s’achève enfin.
Le voyage est fabuleux à faire en hiver si vous voulez voir le paysage sous la neige, mais il est également possible de partir fin septembre pour profiter des couleurs de l’automne, de la tiédeur des jours et de la fraîcheur des nuits. De Moscou à Pékin, le voyage dure 6 jours. Mais il est cependant possible de le fractionner afin de faire quelques visites. Il serait évidemment dommage de ne pas profiter du voyage pour explorer Moscou et Pékin, deux villes d’histoire et de culture. Si vous avez peu de temps, vous pouvez notamment visiter le cœur spirituel de ces deux capitales : la place Rouge à Moscou, la place Tian’anmen à Pékin. Mais attention à la circulation: les chars d’assaut y ont la priorité sur les piétons, et leur bloquer la route est généralement mal vu…


